Le rapport annuel de la Cour des comptes a récemment jeté un pavé dans la mare en suggérant d’indexer les remboursements de l’assurance maladie sur les revenus des assurés. Autrement dit, plus vous gagnez, moins la sécu vous rembourse. Pour certains, c’est la logique même de solidarité, tandis que d’autres y voient un mécanisme qui pourrait bien effriter les fondations de notre sécurité sociale déjà mise à rude épreuve.
Une proposition sous le feu des projecteurs
Ce n’est pas la première fois qu’une telle idée est mise sur la table. En effet, cette notion a été évoquée il y a un an par Bruno Le Maire et explorée par son successeur à Bercy, Éric Lombard. Aujourd’hui, elle s’ajuste aux ambitions austéritaires du gouvernement de François Bayrou, qui envisage des économies de 40 milliards d’euros pour booster la militarisation. La proposition de la Cour des comptes semble tombée à point nommé pour s’aligner avec ces objectifs.
Une solidarité redéfinie
L’idée de base, c’est que les plus riches ne portent pas assez leur juste part du fardeau des dépenses de santé. Bien que cela puisse sembler une avancée sociale, ces mesures soulèvent une inquiétude de taille. Pourrait-on, à terme, voir une érosion du principe d’universalité de notre sécurité sociale ? Ce principe, ancré dans notre système depuis des décennies, garantit à tous les citoyens un accès égal aux soins de santé sans considération de leur niveau de revenu. Cette remise en cause ne risque-t-elle pas de pousser les classes aisées à se tourner davantage vers des assurances privées, au détriment des couvertures universelles ?
Des risques bien réels
Si nous nous penchons sur l’exemple allemand, que certains citent comme un modèle, on constate que cette approche de remboursement différencié n’est pas sans écueils. En Allemagne, la lutte contre la fraude dans le système de santé prend des allures orwelliennes, avec les entreprises qui embauchent des détectives pour surveiller les employés en arrêt maladie. Imaginez un cadre de chez Tesla frappant à votre porte pour vérifier votre état de santé lors d’un congé de maladie. Un cauchemar ? Pas tant que ça chez nos voisins !
Répercussions sur l’hôpital public
En appuyant sur le même bouton d’austérité, le rapport propose aussi de restructurer les hôpitaux, déjà en crise après des années de politiques de réduction budgétaire. Les hôpitaux doivent non seulement gérer l’afflux constant de patients, mais aussi prévoir des transformations structurelles qui pourraient bien empirer la situation actuelle. Imaginez un hôpital qui doit choisir entre rénover ses équipements médicaux ou maintenir son personnel.
Une fracture sociale anticipée
Le fond de l’affaire, c’est qu’une réforme telle que celle-ci pourrait créer une fracture entre les différentes classes sociales. Nicolas da Silva fait valoir que l’accès aux soins pour les plus démunis serait directement menacé. Le remboursement basé sur le revenu pourrait pousser les foyers à faible revenu à se passer de soins nécessaires, élargissant encore le fossé des inégalités en matière de santé.
En conclusion, derrière cette tentative de solution budgétaire se cachent des enjeux bien plus profonds pour notre société. La question essentielle reste : à quel prix acceptons-nous de renégocier les termes de notre contrat social ? Car, si cette réforme voit le jour, elle pourrait bien redéfinir ce que signifie être solidaire en 2025.
